Qu’est-ce que la murrine de Murano ?

Dès l’émergence de la technique de soufflage du verre, Auguste, le premier empereur romain, comprend rapidement la portée commerciale de cette innovation.

Lorsqu’il conquiert l’Égypte en 30 av. J.-C, un centre verrier d’une grande importance aux côtés de la Syrie – alors célèbre pour son verre de Damas – Auguste, visionnaire, décide d’inclure dans le tribut de guerre des objets en verre, dont la valeur commerciale est déjà reconnue.

Étonnamment, à cette époque, les perles de verre de haute qualité sont aussi recherchées que l’or lui-même. Mais leur utilisation ne s’arrête pas là.

Ces petites gemmes de verre jouent également un rôle dans le commerce de l’ivoire et, plus tragiquement, dans le commerce d’esclaves.

Lorsqu’on pense à la traite des esclaves, l’image qui vient immédiatement à l’esprit est celle de la traite transatlantique et du commerce triangulaire, pratiqués à partir du milieu du XVIe siècle. Mais l’étude de ces perles de verre révèle un aspect moins connu : la traite musulmane, qui a duré du VIIe au XIXe siècle.

Selon le livre “Perles de troc, african trade beads”, des milliers d’Africains étaient arrachés à leur terre natale et traversaient le désert du Sahara pour atteindre les côtes de l’océan Indien ou de la mer Rouge.

Ils étaient échangés contre de la vaisselle, des armes et des perles de verre par des marchands venus d’Égypte ou d’Arabie.

L’Europe n’est pas en reste et utilise l’attrait de ses perles de verre pour soutenir son expansion coloniale. À partir du XVe siècle, l’Europe échange des biens contre des esclaves qui seront ensuite vendus aux enchères.

Les perles de verre jouent également un rôle en tant que présent de bienvenue, marquant le début d’une coopération. Les capitaines des navires négriers emportaient toujours avec eux des perles de verre pour faciliter leurs transactions personnelles.

Au fil du temps, l’Orient perd son statut de leader dans la fabrication du verre. Le verre de Damas, autrefois symbole de qualité et de sophistication, est supplanté par le verre de Venise.