La grande histoire de la Croix de Lorraine, symbole de résistance
La croix de Lorraine est un symbole emblématique de notre région. Elle est partout, si l’on y prête attention. Également connue sous le nom de croix d’Anjou, sa signification porte en elle des valeurs fortes. Connaissez-vous son histoire, ses origines, ses secrets ? Quelques éléments de réponse …
Cet article sur la croix de Lorraine, également appelée croix patriarcale, vient compléter notre étude des différentes croix et leurs significations.
Si vous souhaitez en apprendre davantage, les différents articles sont proposés en bas de page.
La croix de Lorraine, tout un symbole !
Avant de découvrir l’histoire de la croix de Lorraine, nous souhaitons vous présenter l’une de nos dernières créations dont nous sommes particulièrement fiers.
Depuis novembre 2018, nous créons des bracelets réglables pour toute la famille, vitrine de l’art verrier.
Étant lorrains, nous avons créé le bracelet Croix de Lorraine, façonné à la main à Nancy, doré à l’or fin …
Ce bracelet vous accompagnera dans toutes les péripéties de votre vie. Il sera le porte-drapeau de vos valeurs et de vos racines.
Ne tardez pas, c’est l’une de nos meilleures ventes, vous pouvez même vous offrir la parure avec le collier croix.
Pour découvrir la fabrication dans le détail, lisez cet article : la Croix de Lorraine, le bijou symbolique made in France !
Nos bracelets et colliers fabriqués en Loraine
C’est un bijou pas comme les autres.
La perle est fabriquée à Nancy, puis dorée à l’or. Le collier, tout comme le bracelet, est réglable.
L’autre croix de Lorraine est fabriquée à Gondreville, elle est en pâte de verre.
Nos trésors sont livrés dans un écrin cadeau, accompagnés d’un certificat et d’une petite bergamote de Nancy !
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La résistance !
Commençons par rappeler l’importance de cet emblème lors de la Seconde Guerre mondiale.
Oui, la croix de Lorraine est avant tout associé au Général de Gaulle (1890-1970). Souvenons-nous de l’appel du 18 juin 1940, fait sur Radio Londres de la BBC, grâce au soutien de Winston Churchill.
Ce jour-là, le Général De Gaulle en appelle à tous les officiers et soldats se trouvant sur le territoire britannique à le rejoindre pour mener la résistance !
« La France a perdu une bataille ! Mais la France n’a pas perdu la guerre ! »
Voici le contexte :
En juillet 1940, lors d’une réunion secrète, De Gaulle est entouré de L’Amiral Georges Thierry d’Argenlieu (capitaine de corvette), ainsi que du vice-amiral Émile Muselier.
Ces deux hommes sont alors les instigateurs de cet emblème, la croix de Lorraine, symbole de la résistance par sa riche histoire, que nous allons découvrir un peu plus loin …
C’est alors que le vice-amiral Émile Musolier, alors commandant des forces navales et aériennes française libres, décide de créer un pavillon de beaupré représentant les forces alliées à De Gaulle : il se compose d’un carré bleu présentant en son centre, une croix de Lorraine rouge.
Le 16 novembre 1940, De Gaulle décide de créer l’ordre de la libération, une manière de distinguer et d’encourager ceux désirant se battre pour la reconquête du territoire national.
Deuxième ordre national derrière celui de la Légion d’honneur, il regroupe 1061 titulaires, désignés comme les Compagnons de la Libération.
La médaille affiche la croix de Lorraine alliée au glaive de combat. Le noir pour le deuil, le vert pour l’espoir !
À lire aussi : 13 faits surprenants sur le général de Gaulle
Il était indispensable de trouver une image forte afin de contrer la croix nazie des Allemands, représentant la race aryenne selon Hitler.
La croix de Lorraine rouge permettait également de se distinguer des troupes du régime de Vichy, dirigé par Philippe Pétain.
Insigne régimentaire du 507e RCC avec la croix de Lorraine
Attachée au mouvement de résistance et au Général de Gaulle, la croix de Lorraine orne également l’insigne du 507e régiment de chars de combat dont de Gaulle est colonel.
Symbole de cohésion, de force et de courage, la croix de Lorraine rouge accompagne alors l’armée française sur les chars, navires, sous-marins (le Rubis) et combattants d’une France Libre.
À lire aussi : les dates clefs de la France Libre.
Le mémorial de Charles de Gaulle à Colombey : une gigantesque croix de Lorraine haute de 40 mètres !
Dès 1954, le général de Gaulle confiait à un journaliste :
« Voyez cette colline, c’est la plus élevée, on y édifiera une croix de Lorraine quand je serais mort »
D’après André Malraux, le général septique aurait ajouté :
« Personne n’y viendra, sauf les lapins pour y faire de la résistance ».
Du haut de ses 40 mètres, le Mémorial Charles de Gaulle a vu défiler plus de 400 000 visiteurs la première année.
Poursuivons notre analyse de la croix de Lorraine, et analysons sa véritable origine, souvent oubliée au profit de notre grand De Gaulle.
En réalité, la croix de Lorraine s’est inspirée d’une autre croix bien plus ancienne, la croix d’Anjou …
À lire aussi : fête nationale, histoire et origine.
Le mémorial du Général de Gaulle à Metz
Une statue du général De Gaulle, le héros de la France libre, trône sur le parvis de la gare de Metz.
En hommage aux liens étroits qui reliaient le Général à la ville de Metz, dans les moments de guerre et aussi de reconstruction, cette statue en bronze nous rappelle le rôle central qu’à joué cet homme durant la guerre.
Lors de son retour à Metz le 11 février 1945 en tant que Président du Gouvernement provisoire de la République française, les Messins l’ovationnent. Il prendra la parole au balcon de l’Hôtel de Ville et prononcera ces mots :
“Metz a été martyrisée, torturée, déchirée. Mais pas une minute, Metz n’a renoncé à la France”
Cette phrase forte est gravée dans le marbre sur le reposoir de la statue du Général, accompagnée de la Croix de Lorraine.
Qu'est-ce que la croix d'Anjou ?
Cette croix, si souvent associée au général de Gaulle, est en réalité la croix d’Anjou. Ce symbole de la résistance nous vient de la croix des patriarches orientaux.
Pour comprendre, un retour au IVe siècle s’impose !
À cette époque, Hélène, la mère de Constantin, le premier empereur romain chrétien, réalisa des fouilles et retrouva la vraie croix sur laquelle Jésus a été supplicié.
Des morceaux de cette croix sont ensuite disposés dans des reliquaires qui furent répartis entre les grands patriarches orientaux.
Peu à peu, cette croix est devenue l’attribut officiel des patriarches, symbole de leur mission divine.
À partir du Xe siècle, les croisés, de retour de terre sainte, commencèrent à populariser cette croix à double traverse.
Elle apparaît sur les pièces de monnaie, et même sur certains insignes de chevalerie !
Cette croix devient alors l’objet de culte.
René d'Anjou, puis René II et la bataille de Nancy
C’est le Duc Louis 1er d’Anjou (1339-1384) qui ajouta le premier à ses armes la croix à deux traverses, qui devient alors la croix d’Anjou.
À lire aussi : l’histoire du drapeau de la Lorraine.
René d’Anjou, lui, sera le premier à créer un véritable culte autour de cette croix au sein du duché de Lorraine.
À cette époque, la croix d’Anjou n’était pas considérée comme la croix de Lorraine. Il faudra attendre 1477, et une bataille sanglante …
Nous sommes au mois de décembre, l’hiver est glacial. Depuis bientôt 3 mois, Charles le Téméraire, alors duc de Bourgogne, assiège la ville de Nancy. La population est en péril, ils n’ont plus de vivres, mangent chevaux, chiens, chats et rats …
Pour sauver la ville, le jeune duc de Lorraine, René II, part à la recherche de renforts chez ses alliés Suisses et Alsaciens sans oublier un partenaire de taille, le roi Louis XI qui veut en terminer avec le duc de Bourgogne.
Les troupes de René II de Lorraine, environ 20 000 hommes, ont rendez-vous le 4 janvier 1477 à Saint-Nicolas-de-Port. Pour que ses soldats se distinguent des Bourguignons, il leur a fait distribuer de grandes croix d’Anjou en lin blanc qu’ils devront coudre sur leurs vêtements.
Le lendemain, le duc René II de Lorraine remporte la bataille. Cette victoire met fin à deux ans d’occupation de la Lorraine.
Mais pas seulement.
C’est également le rattachement de la Bourgogne au domaine royal, le renforcement du pouvoir du Roi de France et la naissance de l’identité Lorraine.
À lire aussi : la bataille de Nancy contre Charles le Téméraire.
La double croix, la croix à double traverse, devient le symbole de la Lorraine
En guise de remerciements aux seigneurs, la croix à double traverse devient officiellement le symbole de la Lorraine.
Pour la première fois, les troupes armées de René II abordent fièrement la croix de Lorraine.
Le plus étonnant ?
Cette indication 1477, situé 30 Grand-Rue à Nancy, marque l’emplacement où le corps de Charles le Téméraire fut déposé avant d’être exposé et veillé dans la maison.
Depuis, la croix de Lorraine rassemble.
Ce signe de ralliement fut utilisé par ses descendants notamment lors des affrontements avec les protestants mais également lorsque la Lorraine fut envahie par la Prusse, puis par l’Allemagne.
Un autre symbole, lui nancéien, fait son apparition à la même époque : c’est la bergamote de Nancy.
C’est le confiseur Lillig (son nom après sa naturalisation) qui élabora la recette de la bergamote de Nancy en mélangeant quelques gouttes d’huile essentielle de bergamote à un sucre cuit.
La croix de Lorraine et le drapeau français
Symbole patriotique, la croix de Lorraine représente une France indépendante et ouverte vers le monde, fermement hostile au fascisme.
Fait étonnant :
En 2018, le maire de la commune de Sainte-Terre, en Gironde, a menacé un habitant, qui avait orné sa façade d’un drapeau français accompagné d’une croix de Lorraine, de prendre un arrêté pour le faire retirer, signe selon lui d’une référence des plus douteuses “La France aux Français”.
Ignorance de l’Histoire de France, absurdité de la démarche ?
Le chardon, autre symbole de la Lorraine
Le chardon lorrain, emblème de Nancy, figure sur les armes de la ville. Savez-vous pourquoi ?
On peut apercevoir sur les armes de la ville la mention : non inultus premor ou “je ne suis pas pressé impunément”, ce qui, en 1516, se disait :
« Et qui nous poinct très fort se picque »
Cela vous dit sûrement quelque chose ? La devise, nous allons le voir, va alors évoluer avec l’histoire.
Mais d’où vient ce symbole ?
Voici son histoire. Lorsque René d’Anjou devient duc de Lorraine en 1431, il fit adopter par la cour ducale le chardon qui aurait été introduit dans la maison d’Anjou par Charles d’Anjou, compte de Maine.
Symbole de la vierge, il devient l’emblème de René II, alors petit-fils de René d’Anjou. Après sa victoire face à Charles le Téméraire en 1477, le chardon devient officiellement le symbole de la Lorraine, avec la devise :
Cette devise vient de la femme de René II, dont l’emblème était la branche de châtaignier.
Ce n’est qu’au XVIe siècle que le chardon et cette devise deviennent les symboles de la ville de Nancy.
À lire aussi : que faire à Nancy le temps d’un week-end
Le chardon dans l'oeuvre de Gallé
Traditionellement, le chardon lorrain est épineux, nommé chardon acanthe ou chardon-aux-ânes.
Il est caractérisé par de grandes lames épineuses présentent sur toutes les tiges. Ces épines peuvent être trois fois plus large que la tige !
Le chardon a été très utilisé dans les oeuvres d’Émile Gallé.
À la fois comme thème décoratif et symbolique, Émile Gallé appréciait travailler sur tous types d’espèce, et non uniquement le chardon acanthe.
À l’image de la célèbre table Le Rhin, créée pour l’Exposition universelle de 1889, visible au Musée de l’École de Nancy, Gallé travaille ici le chardon cirse acaule.
Le chardon sert alors de motif pour cette superbe frise en noyer sculpté, située entre les deux pieds de la table. Le chardon est lors souvent associé à la croix de Lorraine.
La croix de Lorraine et la signature Gallé
Émile Gallé incorporait souvent la croix de Lorraine dans la signature qu’il apposait sur ses œuvres. C’était sa façon à lui de manifester son attachement à la cause du retour à la France des provinces annexées.
Le plus souvent insérée entre le E et le G de ses initiales, cette signature fut réalisée entre 1877 et 1884.
La présence d’un chardon peut donc vous donner un indice sur la date de création de votre vase Gallé.
Afin d’approfondir ce sujet, nous vous conseillons de lire notre guide expliquant comment authentifier un vase Gallé.
Dernière astuce, si votre signature présente le prénom Emile ou la lettre E, c’est que votre vase Gallé a été réalisé après 1877.
La croix de Lorraine et la signature Daum
On retrouve également la croix de Lorraine sur les productions des frères Daum. Leurs ateliers ont formé quelques grands noms de l’Art nouveau comme Jacques Grüber ou Henri Bergé.
Pour quelles raisons ?
Symbole patriotique, il est important de préciser que la famille Daum était des “optants”.
Après l’annexion de l’Alsace-Lorraine en 1870, une grande partie de la population dont les frères Auguste et Antonin Daum ont décidé d’émigré à Nancy, désireux de rester français.
Ce terme, aujourd’hui presque totalement ignoré du grand public, concernait une grande partie de la population, comprenant des artistes, des commerçants, des industriels, ainsi qu’une prolifique main d’œuvre, acteurs du développement considérable que la ville de Nancy a connu entre 1870 et 1914.
Saviez-vous que le sceau des Hospices Civils de Colmar est une croix à double traverse ?
C’est une histoire étonnante qui nous vient d’une fervente lectrice, médecin à Colmar.
On y apprend que le sceau des Hospices Civils de Colmar est une croix à double traverse, avec en bordure la légende Sigillum Ospit.
Pauperum Columbariae qui signifierait «sceau de l’hôpital des pauvres de Colmar ».
Antérieure à la Croix de Lorraine, elle fut adoptée par plusieurs ordres de chevalerie, notamment ceux des Templiers et des Hospitaliers, à l’époque des croisades.
Une légère modification de la croix intervient en 1443 avec des traverses tréflées, comme il était d’usage pour les croix patriarcales.
À partir de la Restauration, les documents administratifs présentent un en-tête complété par la croix à double traverse.
Cette dernière est entourée de deux branches de laurier formant une couronne et portant la légende « Hospices civils de Colmar ».
Où se cachent les plus belles croix de Lorraine à Nancy ?
La croix de Lorraine est présente à travers toute la région. Nous avons choisi Nancy, berceau de l’Art nouveau, pour vous la présenter.
N’oubliez pas votre appareil photo !
Où se trouve la croix de Lorraine ?
1) Le duc René II place St Epvre
Cette fontaine présente des croix de Lorraine et de Jérusalem ainsi que quatre écussons emblèmes de René II au moment de la bataille de Nancy.
2) L’église des Cordeliers
Appartenant au musée Lorrain, l’église des Cordelier de Nancy est un incontournable, ouverte en accès libre.
Elle y abrite des monuments funéraires provenant de toute la Lorraine sauvés de la destruction au cours du XIX et XXe siècle. Un grand merci aux personnels de son aide pour la recherche des croix de Lorraine !
Voici son histoire :
René II décida d’ériger une église qui lui soit dédiée. Pour la desservir, un couvent de Cordeliers fut construit à l’emplacement des anciennes écuries du palais de 1483 à 1526.
La famille ducale venait fréquemment prier avec les moines par le moyen d’une galerie permettant de relier le palais à l’église.
Le plus intéressant ?
C’est ici, dans cette nécropole ducale que se déroulera les pompes funèbres des ducs de Lorraine, jusqu’au XVIIIe siècle. René II y sera inhumé en 1508.
3) La porte de la Craffe
Située dans la vieille ville, la porte de la Craffe est un imposant vestige des fortifications médiévales, érigée au XIVᵉ.
Et vous ? Connaissez-vous des endroits où nous pouvons admirer ce symbole ? Dites-le nous en commentaire !
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7 réponses
merci pour tout ce travail d’informations.
mon âme lorraine a vibré à la lecture de ces documentaires, et m’a fait revivre mes jeunes années pendant
lesquelles je flânai dans la vieille ville à la découverte de ces trésors puis plus tard à celle de l’art nouveau
Nous avons pris un vrai plaisir à rédiger cet article et à prendre ces photos à Nancy, merci de votre commentaire et à bientôt sur le blog 🙂
Au plaisir,
Michaël
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Merci pour cet article.
Petite correction : la devise de Nancy est “non inultus premor” et pas “non insultes premor” comme vous l’avez écrit.
Merci beaucoup !
Petite erreur du correcteur =)
Au plaisir,
Michaël
Dans votre article sur La Croix de Lorraine vous partez d’une réunion en 1940 entre le Général de Gaulle, le vice amiral Muselière, l’amiral d’Argenlieu or en 1940 Thierry d’Argenlieu n’était encore que capitaine de corvette (“corvettard”) il a eu ensuite un avancement ultra rapide
Merci Monsieur Guidat,
Je viens de faire la modification.
Au plaisir,
Michaël