Lorsque René Lalique présente le vase Bacchantes en 1927, le monde est au cœur des Années folles.
Lalique, maître verrier et orfèvre de génie, puise ici son inspiration dans les légendes antiques, plus précisément dans les Ménades, ces envoûtantes prêtresses de Bacchus, dieu du vin et des plaisirs débridés.
Sur le vase, treize figures féminines sculptées en bas-relief forment une ronde aussi sensuelle qu’hypnotique.
Elles ne dansent pas, elles célèbrent. Le vin, la vie, le corps.
Une chorégraphie figée dans le verre, mais étrangement vivante. D’une main de maître, Lalique parvient à insuffler mouvement et émotion à une matière pourtant froide.
Au départ, le vase Bacchantes est fabriqué en verre moulé, selon les techniques innovantes développées par Lalique dès le début du XXe siècle.
Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale, en 1947, que le vase entre dans une nouvelle ère : celle du cristal. Plus dense, plus lumineux, il magnifie les courbes de ces divinités figées dans l’extase.
Le satinage du cristal évoque le grain de la peau. À la lumière, chaque reflet semble danser sur leurs corps.
Le vase devient presque vivant : il réagit, il capte, il séduit. Une véritable prouesse technique… et artistique.
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Ce qui fait du Bacchantes une pièce à part, c’est sa longévité.
Il figure toujours au catalogue Lalique, sans interruption depuis sa création. Peu d’objets de décoration peuvent en dire autant. Il est devenu un emblème, une signature. Et comme toute icône, il n’a pas échappé aux variations.
En 2010, pour le 150e anniversaire de la naissance de René Lalique, la maison le réinvente.
Le Révélation Bacchantes voit le jour : même ronde sensuelle, mais cette fois enchâssée dans un cube de cristal, comme un artefact mystique. Entre tradition et modernité, le message reste le même : la beauté féminine, célébrée avec panache.
Le saviez-vous ? Il faut 30 heures pour créer un Bacchantes.
Chaque vase nécessite un moule spécifique, plusieurs étapes de polissage, un contrôle qualité minutieux, et bien sûr, la signature de la maison. Un travail d’orfèvre, à la hauteur de son prestige.
Au musée Lalique de Wingen-sur-Moder, niché dans l’Alsace (pas si loin de notre chère Lorraine), les visiteurs peuvent même découvrir par le toucher les différentes étapes de fabrication. Et visionner les secrets de cette création hors norme à travers de courts films immersifs.
Et si l’on osait le parallèle ?
Cette ode au corps féminin, à la nature exubérante, au vin et à la fête, n’est pas sans rappeler nos terres de Lorraine, parfois secrètes, souvent passionnées.
René Lalique n’est pas natif d’ici, certes, il voit le jour en Champagne, mais sa manufacture, elle, s’installe en Alsace, à deux pas de notre région.
Une frontière ? Un détail. Car ce savoir-faire, ce goût du beau, nous est commun.
Conclusion : un mythe à portée de main
Presque centenaire, le vase Bacchantes reste un manifeste.
De beauté, de féminité, d’art et de savoir-faire français.
Il traverse les époques sans jamais s’essouffler, tant il est habité d’une force symbolique rare. Et si aujourd’hui, il trône dans les intérieurs du monde entier, c’est parce qu’il parle un langage universel : celui du désir et de l’émerveillement.
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