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Charles Schneider, maître verrier, créateur de la signature “Le verre français”

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Charles Schneider, Le Verre Français, Charder, ces noms vous disent quelque chose ? Les verreries Schneider rencontrent actuellement un franc succès en salle des ventes. Retour sur l'une des plus grandes verreries d'Europe de la période Art nouveau/Art déco.

Charles Schneider voit le jour le 23 février 1881 à Château-Thierry, une petite commune française située dans le département de l’Aisne. Il aura un frère Ernest et une sœur, Ernestine.

La famille grandit à Nancy, une ville d’avenir, en plein boom économique suite à l’annexion de l’Alsace-Lorraine et à la migration de milliers d’octants. Ernest y suit des cours de l’École Primaire supérieure tandis que son frère Charles étudie l’art.

L’un présente des appétences particulières pour la sculpture, Charles. L’autre a un sens inné des affaires, c’est Ernest. Un duo complémentaire qui se révélera être très efficace.

Pour maîtriser un domaine, il faut aimer le sujet et se sentir avec lui des affinités profondes. La passion de Charles Schneider a transcendé le domaine objectif pour friser le religieux. Ce concept de “maîtrise” est parfaitement illustré dans l’ouvrage intitulé “atteindre l’excellence” de Robert Greene.

Ne dit-on pas que pour réussir dans la vie, il est nécessaire d’être un spécialiste et une référence dans deux domaines d’activités distincts, puis de les assembler pour en dégager un profit ?

Les verreries Schneider “Le Verre Français” en sont le parfait exemple. Mais avant, place à l’apprentissage.

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La collaboration entre les frères Schneider et la manufacture Daum

L’aventure verrière des deux frères Schneider débute donc à Nancy, au cœur d’une verrerie d’art de prestige : Daum frères depuis 1878.

En 1902, Ernest est engagé par le directeur commercial et administratif, Auguste Daum. Dès ses débuts, ce dernier n’hésite pas à louer les mérites de son frère Charles, formé à l’école des Beaux-Arts de Nancy.

Antonin Daum, responsable du département artistique, met peu de temps à déceler tout le potentiel d’une telle collaboration. Âgé de seulement seize ans, Charles Schneider participe à l’aventure Art nouveau aux côtés des frères Daum en dessinant de nouveaux projets de vases en verre et pâte de verre.

La pâte de verre, matière changeante, qui relève davantage de la sculpture, est la grande innovation. Même si cette technique fut redécouverte par Charles Depret et Henry Cros en 1884, c’est Amalric Walter, chef décorateur de la manufacture Daum, qui lui donne ses lettres de noblesse.

Soutenu par Antonin Daum, Charles Schneider obtient une bourse d’étude et poursuit ses études à l’Ecole des beaux-arts de Paris, dans les ateliers de Jean-Charles Chaplain et de Frédéric de Vernon (1858-1912).

Charles Schneider fait donc partie des grands artistes verriers de l’École de Nancy, une alliance d’artistes et d’industriels initiée par Émile Gallé. Il y sera sensibilisé dès son plus jeune âge et formé à une esthétique nouvelle et globale.

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Charles Scheider à l'école des Beaux-Arts de Paris

La fratrie Schneider travaille pour la manufacture Daum jusqu’en 1911, année où l’envie de voler de leurs propres ailes se fait sentir …

Ce départ d’un grand nom du verre français afin de fonder sa propre manufacture n’est pas un cas isolé. Rappelons l’histoire des frères Muller, membre de l’équipe de la verrerie d’art d’Émile Gallé, qui décidèrent d’emporter avec eux, nombre de secrets et croquis du grand maître …

Le départ des frères Schneider se fera dans le plus grand respect, condition requise d’un terrain fertile de ce qui va devenir l’une des plus grandes verreries d’art d’Europe !

Fort des indemnités reçues par Ernest lors de son départ et de l’apport financier d’un associé, l’architecte Henri Wolff, la famille Schneider a enfin les moyens de son ambition.

Les verreries Schneider (1913 - 1938)

Le timing n’était pas parfait. En 1913, un an avant la Grande Guerre, Charles et Ernest Schneider fondent “les verreries Schneider” à Épinay-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis, région Île-de-France.

À peine l’activité lancée qu’elle doit s’arrêter à cause du conflit mondiale.

La Première Guerre de 14-18 va mettre à l’arrêt bon nombre de verreries parisiennes, à l’instar de la verrerie Legras, située Plaine Saint-Denis, qui emploient alors plus de 1400 ouvriers et 150 artistes-décorateurs.

Les verreries Lorraines ne sont pas en reste. Portieux, qui produit plus de 40000 pièces de verreries chaque mois avant 1914, voit sa production grandement impactée. Son acolyte, la cristallerie de Vallérysthal, participe à l’effort de guerre, en soufflant jusqu’à 3500 bocaux de conserve par jour.

Les verreries Schneider résistent malgré une demande au plus bas. Les frères Schneider participent à l’effort de guerre en produisant de la verrerie médicale dès 1917.

Dès la fin de la guerre, en 1918, la reprise économique permet de relancer la machine. Les efforts sont concentrés sur un type de production : la verrerie d’art.

Le succès est immédiat, notamment favorisé par une envie irrépressible de faire la fête, vivre le moment présent, croquer la vie à pleines dents. Paris en sera la plus belle vitrine. Cette décennie de plaisir, qu’on surnomme les Années folles, est un temps suspendu qui profite à l’art.

Les verreries Schneider emploient alors 500 ouvriers. Mais ce n’est pas tout.

Le lendemain de la Grande Guerre voit émerger un nouveau mouvement, un courant artistique en complète opposition au foisonnement d’arabesques et de courbe de l’Art nouveau.

Peu à peu, les pièces et vases Schneider à décor émaillé de fleurs et de paysage laissent place à une simplification des formes, un retour à la symétrie, une nature qui se géométrise et s’adapte au nouveau monde de la machine.

L’Art déco prend place, également connu sous le nom de style 1925, dénomination acquise suite au succès de L’Exposition internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes qui accueillera plus de 15 millions de visiteurs à Paris.

Les verreries Schneider sont présentes à ce rendez-vous incontournable. Ils exposent des vases, coupes, flacons, luminaires, mais également des vitraux (en savoir plus sur les vitraux).

Le succès est tel qu’il est impératif d’agrandir la verrerie afin d’accueillir tous les travailleurs.

Charles Schneider, devenu au fil des ans l’unique créateur de la verrerie, affirme son style personnel à travers une prolifique production de vases. Il s’affranchit de l’esthétique de l’École de Nancy, dont il connaît tous les aspects.

Les caractéristiques de la production Schneider

1) Les vases

Les vases Schneider présentent des motifs stylisés de la nature. Le verre peut présenter jusqu’à 32 teintes différentes. La coloration du verre est réalisée suivant le principe d’ajout d’oxydes métalliques.

Nous allons voir que les vases peuvent être réparties entre deux marques différentes, présentant chacune ses spécificités, ses couleurs, ses finitions. Il en est de même pour les lampes.

2) Les lampes signées "Le Verre Français", sont-elles en pâte de verre ?

Les premières suspensions Schneider font leur apparition en 1918. Les lampes de table, quant à elle, sont commercialisées vers 1922.

Attention, les verreries Schneider n’ont jamais travaillé la pâte de verre. L’erreur est courante de confondre le verre moulé avec la pâte de verre. Le processus de fabrication est complètement différent.

Le Verre Français, Charder ou Schneider, quelle est la différence ?

Ce sont deux lignes commerciales bien distinctes s’adressant à deux types de consommateurs.

C’est Ernest, responsable commercial, qui en est à l’origine. Ces deux lignes vont permettre de créer une plus large diffusion des œuvres en s’adressant à toutes les bourses.

Un vase issu des verreries Schneider peut présenter deux signatures, deux marques :

  • Schneider, qui signifie Charles Schneider, c’est la ligne de prestige.
  • Le Verre Français, c’est la ligne “grand public” (également connu sous le nom de Charder à partir de 1925).

La ligne Schneider

C’est la production haut de gamme, vendue au 54, rue de Paradis, à Paris. Cette rue concentrait les boutiques des plus illustres cristalleries de France. Aujourd’hui, quelques points de vente font de la résistance, la plupart des grandes maisons ayant déménagée Rue Royale.

Pour cette gamme, 32 couleurs furent créées par le chimiste Babille, dont le célèbre rouge à l’or, mais également l’opale jaune, le violet, l’orange …

Les plus célèbres séries issues de cette ligne sont :

  • Les coupes bijoux
  • Les vases bijoux
  • Les grandes coupes à pied noir
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Coupe Bijoux Schneider, photographie de www.masto.fr

Au fil des années, les vases Schneider affichent une forme plus architecturale, une couleur moins contrastée et la révélation du verre translucide.

C’est le cas des vases Schneider “Godrons” édités après les années 1920 que vous découvrez ci-dessous :

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Vase Godron, photographie de www.masto.fr

Le Verre Français, une verrerie plus fantaisiste

La marque “Le Verre Français” est déposée en octobre 1918. Cette ligne fut créée en même temps que la précédente. Elle est vendue dans la même rue, au n°14, dans un dépôt confié à Ernestine, la sœur aînée.

Cette collection de vases et coupes présente un décor végétal particulièrement apprécié par la clientèle américaine. Ce qui fait sa richesse, c’est la grande variété de décor gravé à l’acide, présentant un contraste des matières (lisse versus mat).

Les couleurs travaillées sont moins prolifiques que la ligne Schneider. Sa large diffusion permet d’être rentable malgré le surcroît de travail occasionné par le travail de gravure à l’acide.

On retrouve trois signatures qui identifient les vases “Le Verre Français” :

  • Un berlingot tricolore
  • Le Verre Français
  • Et enfin, à partir de 1925, le terme Charder

Atelier de décoration du verre français

Charles Schneider était également créateur de vitraux pour des demeures privées. Peu de traces semblent aujourd’hui témoigner de cette production artistique.

Cependant, plusieurs indices nous dirigent sur cette voie :

  • Deux vitraux sont présents dans la maison d’Ernest Schneider à Epinay-sur-Seine.
  • Des croquis retrouvés témoignent d’essais en la matière.
  • Cette activité de vitrail est mentionnée sur la carte de visite de la manufacture lors de l’Exposition universelle de 1925.

Enfin, il semblerait que Charles Schneider ait rencontré le verrier Jacques Grüber lors de ses cours de composition décorative à Nancy.

Rappelons que Grüber est considéré comme le maître le plus prolifique du vitrail Art nouveau.

Vitrail de l’Exposition universelle de Paris, 1925

La Grande Depression annonce la fermeture de l'usine

La crise boursière qui survient à New York le jeudi 24 octobre 1929 annonce dans le plus grand désarroi une récession mondiale d’une ampleur inédite.

Malgré l’expérience acquise suite aux difficultés rencontrées lors de la Première Guerre mondiale, la manufacture du Verre Français ne supportera pas la “Grande Depression”.

C’est le coup fatal. Charles Schneider fait faillite en 1938. L’activité n’aura duré qu’une quinzaine d’années.

Le renouveau de la cristallerie Schneider sous la descendance

La relève sera assurée par la descendance. Charles junior, alors ingénieur, et Robert-Henri, directeur artistique, décident de reprendre la tradition familiale, comme nous le faisons avec nos ancêtres verriers Vessière, à plus petite échelle !

En 1950, ils entreprennent la construction d’un nouveau bâtiment, dans la même commune. Les formes et usages s’adaptent à l’époque et de nouveaux produits apparaissent : adieu les couleurs poétiques et contrastés, place à la pureté et la transparence du cristal clair.

La verrerie des fils sera détruite par une explosion de gaz en 1957. La manufacture est reconstruite à Lorris en 1961 avant de fermer définitivement ses portes en 1981.

La dernière exposition Schneider "Le Verre Français" a eu lieu en 2016, au musée Mendjisky à Paris

L’exposition « SCHNEIDER Les Enfants d’une Œuvre » s’est déroulée au musée Mendjisky, au coeur de l’ancien atelier du maître verrier Barillet. Plus de 300 pièces y étaient exposées, grâce au concours de deux passionnés et collectionneurs, Barlach Heuer et Jean-Pierre Serre.

Quel prix, quelle estimation pour un vase/lampe Schneider "Le Verre Français ?

Selon Christophe Garland :

  • Les coupes bijoux se négocient entre 500 et 1000 €
  • Les vases entre 800 et 2000 €
  • Enfin, les lampes entre 2000 et 2500 €

Martell Gallery propose un large choix de vases et lampes Schneider.

Enfin, pour en savoir plus sur ce sujet :

 

3 réponses

  1. Bonjour,

    Je viens de casser l’abat-jour d’une lampe “le Verre français” à laquelle je tenais. Le pied (32 cm de haut) est noté “Le verre français” et est en pâte de verre rose et vert pâles, et, bleu outremer. L’abat-jour reposait sur 3 axes métalliques de 12 cm au bout desquels se trouvent un libellule. L’abat-jour était de couleur vert pâle et bleu outremer.
    Est-il possible de remplacer cet abat-jour et à quel prix ?
    Vous remerciant de votre réponse, bien cordialement.
    Frédérique Vialon

  2. Bonjour,

    Ayant en ma possession une coupe à fruits en verre transparent (opaline de foire de 1936 – catalogue de 1941 Art Déco) je viens auprès de vous pour une demande de renseignements sur Friedrich Scheiner, verrier, manufacture de Brockwitz car je ne trouve rien sur internet, mis à part la même sur Catawiki selon ma petite sœur, mais trop tard elle a disparue… Je suis vraiment en panne !
    Merci d’avance pour tous renseignements éventuels concernant cet objet et bravo pour votre site qui est réellement passionnant !

    Colette

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