Strasbourg, Saint-Pierre-le-Jeune, église du XIème siècle

Les véritables origines de l’Église protestante Saint-Pierre-le-Jeune remontent au XIe siècle. Elle est la troisième église édifiée à ce même emplacement.

Vers la fin du VIIe siècle, cette place nichée au cœur d’un cimetière hors des murailles de la ville accueillait effectivement une chapelle en bois, sans doute l’œuvre des moines irlandais ayant débarqué en France dans les années 590.

Elle fut d’ailleurs dédiée à Saint-Colomban de Bangor.

Plus tard, la chapelle en bois est devenue un oratoire pour les artistes et les bâtiments attenants de refuge pour les pèlerins à la recherche de gîtes, les sans-abri, les orphelins et les malades.

Vers l’an 1000, une seconde église toujours desservie par les moines a vu le jour à la place de l’église Saint-Colomban.

Elle fut l’œuvre de l’évêque Guillaume Ier, une église collégiale romaine du XIe siècle.

Cette dernière fut dédiée à saint Pierre puisque c’était le pape Léon XI qui l’avait bénie en 1053.

Vu qu’il y avait déjà une église Saint-Pierre dans la ville de Strasbourg, cette nouvelle église bâtie aux abords du XIe siècle était baptisée « Saint-Pierre-le-Jeune ».

Le bas du clocher et certaines colonnes du cloître sont ceux qui nous restent de cette ancienne église romaine.

La construction de l’église gothique actuelle s’est faite entre l’an 1250 et 1320, en brique et purement inspirée de la tradition germanique du Backsteingotik.

En 1524, alors que la réforme protestante faisait officiellement son entrée dans le monde, l’église a été remise entre les mains des luthériens avec Wolfgang Capiton comme premier pasteur et Paul Fagius en deuxième.

L’an 1682, sous les ordres du roi Louis XIV, l’église s’est transformée en église simultaneum, « mixte » en d’autres termes.

Son chœur a été donné aux catholiques, et sa nef aux protestants. En guise de séparation, un mur reposant sur le jubé a été adopté.

Rappelons que le jubé en question est une construction datant des années 1350, un œuvre actuellement unique en Alsace.

Pour démarquer leur part de l’église, les protestants décident de procéder à une réorganisation de la nef. Ils ont également couvert les fresques de badigeon de chaux.

Sous la Révolution française, l’église connut une forte dégradation, elle a été débarrassée de son chapitre, ses biens ont été saisis, le portail et le tympan ont été détruits.

Les objets nécessaires au culte ont été vendus et les cloches fondues.

Autant dire que l’église est devenue un entrepôt de foin et une véritable pièce détachée pour l’armée.

Puis en août 1870, durant le bombardement de Strasbourg par les Prussiens en 1870, l’édifice servit d’abri à une grande partie des habitants du faubourg Saint-Pierre.

Au milieu du XIXe siècle, sur la décision du pasteur Friedrich Horning, l’église Saint-Pierre-le-Jeune s’est imposée comme étant le phare du Réveil luthérien. Marquant ainsi un passage important de l’histoire de la paroisse.

Jusqu’en 1893, cette attribution aux deux cultes, catholique et protestant, perdura.

Suite au départ de la paroisse catholique dans les années 1895 pour rejoindre ce nouvel édifice, l’église réunifiée est désormais refaite dans son intégralité.

Ce fut notamment grâce à l’aide d’un occupant allemand qui a confié la reconstruction de l’église à l’architecte et professeur Carl Schäfer de Karlsruhe en 1897.

À cette même période où les Allemands ont bâti une église Saint-Pierre-le-Jeune « catholique ».

Ils ont édifié à proximité du palais de Justice de la ville, une impressionnante église Saint-Pierre-le-jeune « catholique » qui n’a pas manqué de réaffecté une nouvelle fois la chapelle au culte protestant.